Utique, ville antique de Tunisie, à 33Km au Nord-ouest de Tunis, autrefois l’un des grands ports d’Afrique. Eloignée de la mer à environ 12Km, elle était l’un des plus anciens comptoirs phéniciens fondé par les Tyriens, en 1100 av.J.C. Selon les sources littéraires, elle fut la plus importante des cités phéniciennes de Tunisie après Carthage, jouissant d’une situation privilégiée par rapport aux autres villes.
Conquise en 308 par Agathocle, Utique resta une alliée fidèle de Carthage au cours de la 2ème guerre punique, quand ses remparts résistèrent au siège entrepris par Scipion. En 149, elle se rendit à Rome, devenant en 146 « cité libre » et capitale de la province romaine, siège du gouvernement et places d’armes. En 36 av.J.C., Octave donna aux habitants d’Utique la citoyenneté romaine, mais la renaissance de Carthage lui enleva la primauté parmi les villes africaines.
Les fouilles entrepris par le passé n’avaient livré aucun témoignage archéologique antérieur au VIII° siècle. Les récentes découvertes d’une grande quantité de tessons, d’une variété de céramique, de l’étendue de la ville, de son urbanisme phénicien et punique, ainsi que d’autres restes identifiés par une mission archéologique tuniso-espagnole, apportent la preuve qu’ «Utique a été fondée bien avant Carthage et qu’elle occupait une importante place dans le trafic commercial entre l’Orient et l’Occident méditerranéens».
Les résultats de ces fouilles ont été présentés à l’Institut Cervantès à Tunis lors d’une conférence sur «les secrets de l’Utique phénicienne» donnée conjointement par le Professeur Ahmed Ferjaoui de l’Institut National du Patrimoine (INP) et le Docteur José Luis Lopez Castro de l’université d’Alméria.
Le rapport dresse un bilan des fouilles sur les monuments et l’étendue du site couvrant près de 120 hectares divisés en trois secteurs à savoir l’extrémité nord (un terrain de près de 3 hac, situé à proximité de l’ancien rivage de l’ancienne baie d’Utique), l’Ouest et le Sud d’Utique, en se basant sur les méthodes de prospection moderne (la géophysique magnéto-métrique et géo-radars).
Le résultat des fouilles dénombre plus de 1100 fragments répartis selon leur origines avec une importante quantité de céramique autochtone modelée (38 pièces) et 19 pièces de céramique imitation. Amphores, plats, vases à boire, petites jarres, lampes et ustensiles de cuisine en céramique proviennent d’origines diverses (sarde, grecque, vallanovienne, tartesienne).
A l’Est, des restes des vestiges et un four domestique dont les parois sont faites de briques crue ont été découverts. Plusieurs murs faisant partie d’une aire urbaine très étendue (de 400m2) ont été également identifiés dans la zone 1 (Nord) appartenant à quatre phases dont la plus ancienne remonte au début du VI° siècle av.J.C., et la dernière à l’époque impériale.
La fouille de cette zone a permis de trouver une insula romaine (habitation urbaine) dont l’intérieur n’a conservé qu’une partie des vestiges romains qui cachent des restes d’époque punique (restes des terrasses, un four de potier, morceaux d’argile).
Les analyses paléo-botaniques (étude des végétaux fossiles) des échantillons prélevés ont identifiés des grains de céréales (blé, orge), lentilles, dates et noyaux d’olives. Les morceaux de charbon analysés ont permis de reconnaître des espèces d’arbres cultivés ou sauvages (pins, chêne vert, olives et mastic). Les ossements analysés appartiennent à plusieurs animaux (beaufs, moutons, chèvres, porcs, chevaux, chiens, tortues et coquillages).
Le rapport parle du site d’Utique comme étant l’un des ports les plus importants de l’Afrique dans l’antiquité rappelant que la cité devint municipe et ses habitants devinrent citoyens romains mais conservèrent leurs mœurs et leurs lois jusqu’à ce qu’elle enfin devient très romanisée.