La cité de Byblos et les vestiges de Beyrouth

La cité de Byblos

La cité de Byblos

Ces dernières semaines ont été bien chargées pour la cité de Byblos avec le déplacement de la délégation municipale, présidée par le maire Ziad Hawat, et la présentation à l’ONU d’une exposition intitulée « Jbeil… Là où l’Histoire est née ». Vingt panneaux retraçant l’histoire singulière de cette cité millénaire, une des plus anciennes villes habitées au monde, d’une façon continuelle et sans interruption, inscrite, depuis 1984, au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Un rayonnement à l’international qui n’éclipse pas la polémique locale qui secoue toujours la cité autour du projet relatif au « Diplomatic Club », qui d’après l’article de l’OLJ, « pourrait s’installer sur un terrain privé appartenant à l’orphelinat Bird’s Nest (Nid d’oiseau), géré par le catholicossat arménien de Cilicie, une zone attenante au site archéologique de la ville. Cette construction particulièrement sensible a enflammé les réseaux sociaux et complique assez les relations entre le conseil municipal de Jbeil et le développeur, l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi. Le projet, estimé à plus de 12 millions de dollars, attend toutefois l’accord de la Direction générale des antiquités (DGA) qui, elle, attend le feu vert de l’Unesco ».

Autre lieu, autre polémique, concernant les vestiges de Beyrouth, en particulier des centaines de colonnes et chapiteaux romains remisés sur le front de mer, face au Biel (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

Pour rappel, et toujours d’après un article de l’OLJ relayé sur le blog d’Elie Fares, A separate state of mind, « De 1993 à 1997, Beyrouth a été un paradis pour les archéologues. Des empires ont été exhumés : phénicien, perse, grec, romain, byzantin, mamelouk, ottoman. Vu l’ampleur des découvertes, des tonnes de vestiges ont été dirigés vers différents lieux de stockage, dans la capitale, mais aussi à Saïda et à Jbeil. Selon une source de la Direction générale des antiquités (DGA), 400 à 500 chapiteaux et colonnes datant de l’époque romaine ont été entreposés dans un hangar de la Société libanaise pour le développement et la reconstruction. En attendant des jours meilleurs, les responsables de l’époque les avaient confiés à Hans Curvers, l’archéologue attitré de Solidere, en charge de toutes les opérations archéologiques. Mais avec le démarrage des travaux d’infrastructure routière, actuellement en cours dans le secteur, il fallait faire place nette à l’entrepreneur, donc démonter le hangar et déplacer les vestiges vers le seul lieu disponible pour les accueillir : le bord de mer« .

Loin de vouloir réveiller ce dossier brûlant qui fût largement controversé, autant sur les conditions de fouilles, « parfois tendues et difficiles, entre les scientifiques et le promoteur Solidere, qui fut accusé de vouloir accélérer le calendrier des fouilles et de détruire des vestiges avec ses engins mécaniques« , que sur la gestion des découvertes, une question s’impose : jusqu’où la folie immobilière ira-t-elle au Liban ?

Quand nous écoutons les voix de Fayrouz et Wadih el Safi chanter le Liban vert, les larmes inondent nos figures. Au quotidien, nous voyons ces espaces verts se rétrécir, comme une peau de chagrin, cédant la place à des immeubles de plus en plus luxueux et onéreux dépassant les moyens de nos citoyens, surtout les jeunes, qui peinent à trouver un logement. Toutes les institutions officielles s’ingénient à « vendre » le Liban comme destination de rêve, mettant en avant son Histoire millénaire, ses sites exceptionnels, son écrin de verdure, une oasis regorgeant d’eau et de vie.

La réalité du terrain se révèle, malheureusement, plus poignante. Aucune gestion rationnelle et respectueuse pour nos richesses naturelles et culturelles. Toujours la loi du plus fort, entendons par là, ceux qui ont l’argent et le pouvoir de l’argent, qui balayent d’un revers de main, les conventions et lois et anéantissent encore ce qui reste de patrimoine, que la guerre n’a pu balayé.

Pour clôturer cet article sur un ton optimiste, car c’est l’optimisme et le dynamisme populaire qui reste le garant de la conscience nationale, nous remercions tous ceux et celles qui œuvrent dans l’ombre et continuent à offrir le meilleur, malgré les difficultés, les intérêts privés et les pressions. A commencer par les journalistes qui évoquent, sans langue de bois, la réalité de la situation, les archéologues et scientifiques en charge des fouilles et de la sauvegarde des biens, les conservateurs de musées, les mécènes et surtout le public. Ce public qui a été, d’après le petit journal de Beyrouth, présent et interactif lors de la Nuit des Musées 2017, avec une affluence toute particulière réservée au Musée National.

Chers compatriotes, vous êtes le meilleur défenseur de la culture, grâce à votre mobilisation. Les Institutions, associations, organisations, etc, ne peuvent travailler sans votre adhésion. Aucun n’a la force d’un peuple conscient de son héritage, transmettant à ses enfants, dès leur jeune âge, cet amour et ce respect pour les richesses naturelles et culturelles.

Le Liban n’a jamais produit ni pétrole, ni gaz, il n’a produit que des Libanais, fiers, intelligents et débrouillards. Notre patrimoine est notre trésor, veillons sur lui, il nous a été légué, souvent au pris du sang. Le transmettre aux jeunes générations est un devoir et un cas de conscience.

 

 


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