Musée de la Romanité – Nîmes

Musée de la Romanité – Nîmes
© Photo Pheniciens.com

A la fin de ce mois de juin, la ville de Nîmes saura, si oui ou non, sa candidature au Patrimoine mondial de l’Unesco est retenue parmi les 26 prétendants. L’annonce sera faite au Bahreïn.

Depuis quelques années, la cité gardoise connaît une belle métamorphose grâce aux projets d’embellissement et de construction. Les places, allées et esplanades, de l’Avenue Jean Jaurès, où les fouilles de l’Inrap en 2006/2007 ont révélé une multitude de vestiges dont les deux mosaïques dites d’Achille et de Penthée, aux différentes places du centre-ville, sont aménagées en espaces de promenades, agrémentées de verdure, de cascades d’eau et de nouveaux mobiliers urbains, privilégiant la circulation des piétons aux voitures.

L’Écusson est désormais plus aéré, un véritable écrin, plus propice aux visites des monuments de la ville et ses divers musées, dont le dernier né n’est autre que le Musée de la Romanité, tant attendu dans la « Nîmes romaine ». Après un concours lancé en 2011, c’est le projet de l’architecte Elizabeth de Portzamparc qui est retenu. Les travaux démarrent en 2015 et le Musée est inauguré le 2 juin dernier par la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen.

Jardin archéologique
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Dimanche 25 juin, loin des foules du week-end inaugural, nous avons visité les lieux : salle des collections permanentes, salle des expositions temporaires avec les « Gladiateurs, Héros du Colisée » (qui a sillonné l’Europe du Nord, les États-Unis, l’Australie), le toit panoramique (moins agréable que celui de Carré d’Art mais avec une belle vue sur les Arènes) et le jardin archéologique, accessible à tous, traversé par l’ancienne enceinte de la ville. Un lieu exceptionnel qui mérite le détour, un travail colossal digne d’être reconnu pour toutes les équipes investies dans cette entreprise ambitieuse. Ce billet, nous le postons, en toute impartialité, avec franchise et beaucoup d’encouragement.

Musée – Amphithéâtre
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Dès le hall d’accueil vous êtes accueilli par un « atrium » aérien, limpide et contemporain. C’est un dialogue des 21 siècles, un face à face du bâtiment contemporain à l’antique amphithéâtre romain, plus communément nommé « les Arènes » de Nîmes. Pour l’architecte « d’un côté un volume rond, entouré par les verticales des arcs romains en pierre et bien ancré au sol, de l’autre un grand volume carré, en lévitation et entièrement drapé d’une toge de verre plissé ».

 

La visite se poursuit. Au premier étage, la collection permanente se dévoile autour de trois volets :

1-La présence d’un peuple gaulois, les Volques Arécomiques, dont Nîmes fut la capitale politique et religieuse grâce au sanctuaire de la Fontaine, avec le dieu Nemausus. Pour retracer l’historique de ce sanctuaire, une salle lui est dédiée, avec une reconstitution en 3D et une projection sur le mur extérieur, faisant face aux vestiges de l’ancien Péristyle.

 

2- La partie romaine à proprement dit, présente les monuments phares de la ville : l’amphithéâtre et la Maison Carrée, sans toutefois oublier le projet titanesque du Pont du Gard (leur construction, l’historique, etc…). Tous les aspects de la vie quotidienne sont abordés, de la construction et décoration des villas avec leurs mosaïques, la médecine, la beauté, l’art de vivre à la romaine aussi bien que les sépultures installées en dehors de la ville.

3- le troisième volet retrace la période médiévale et le changement advenu dans la cité suite à la fin de la période romaine et les invasions qui s’en suivent. Les luttes de pouvoir, les chevaliers des arènes, la conversion des lieux qui deviennent des remparts protégeant la population qui s’y réfugie.

Détail mosaïque Enlèvement d’Europe
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Notre souhait durant cette visite était de retrouver la mosaïque de l’enlèvement d’Europe. Dans leur livre, Métamorphoses d’Europe, trente siècles d’iconographies (Éditions Bartillat, 2000) Christian de Bartillat & Alain Roba évoquent cette pièce intéressante avec sa voisine, celle du Musée de départemental Arles antique. Nous l’avons trouvé bien placée sur le mur des mosaïques, cependant, déplorons le peu de renseignements qui lui sont consacrés, ce qui nous a laissé sur notre faim.

 

Ce nouveau Musée, bien que tout récent, avec tout ce que cela suppose comme déménagement des collections, installations et logistiques, étonne les visiteurs par la qualité de ses prestations. Dans presque chacune des salles des écrans interactifs sont disposés pour expliquer aux visiteurs, références à l’appui, toutes les subtilités liées aux artefacts présentés, sur socles ou en vitrines.

Des séquences animées reconstituent le contexte d’époque avec des plans en trois dimensions. Elles recomposent, par les vues aériennes ainsi que les photos d’archives, le cadre de fouilles. Elles nous dévoilent les coulisses de la préparation-consolidation de certaines pièces exposées et nous invitent à intégrer la vie romaine, etc. Une technologie de pointe mise au service de la pédagogie pour tout un chacun désireux d’en savoir plus. Ceci étant dit, nous avons toutefois manqué de supports écrits (les fameuses fiches de salles) que nous aurions pu lire tranquillement assis sur les bancs disposés pour cet effet. Nous souhaitons que cette lacune soit rattrapée rapidement, elle reste compréhensible avec les délais trop restreints pour l’échéance de l’ouverture.

Autre point intéressant à aborder, l’influence de l’Orient méditerranéen. Bien que cet aspect a été signalé par Fabienne Olmer, chercheuse au CNRS, dans le numéro spécial de la Gazette de Nîmes (N°CMXCI du jeudi 31 mai) :

« Les Romains n’ont pas inventé tout ça, ils ont exploité toutes les connaissances du pourtour méditerranéen jusqu’à la façade orientale de l’Empire. Ce sont des gens qui profitent au maximum des territoires conquis, dans le meilleur sens du terme. (…) Ce savoir consigné en grec et en latin, est resté quelques siècles en sommeil après la chute de l’Empire. Il reviendra par le biais des savants de Bagdad qui, au Xème siècle, traduisent ces écrits et les rediffusent en Occident ».

A notre avis, les Musées ne sont pas uniquement des « showrooms » de vestiges, ils sont surtout un trait d’union entre les peuples, avec la transmission des savoirs dans leur globalité. Nîmes la romaine, certes, mais elle n’était pas unique bien au contraire, elle faisait partie d’un ensemble, d’un grand Empire qui s’étendait sur tout le pourtour de ce que les Romains avaient appelé « La Mare Nostrum ».

Ceci étant dit, nous vous invitons, si vos pas vous mènent dans le Sud cet été, de faire une halte à Nîmes et de visiter ce petit bijou, cela vaut vraiment le détour. Vous serez immédiatement charmé par les lieux et le dialogue des temps ne vous laissera pas indifférent.


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