Fouilles archéologiques … chantiers à suivre

L’énergie archéologique au Liban reste foisonnante et les chantiers multiples. Parmi eux, trois ont attiré notre attention : une mission de l’Université libanaise à Saïfi, sous la direction de Mountaha Saghié ainsi que deux autres missions à Tyr, la première, franco-libanaise, pilotée par Pierre-Louis Gatier et la seconde dirigée par Leila Badre, directrice du musée archéologique de l’Université Américaine de Beyrouth.

Chantier de Saïfi

Le sol libanais continue à nous émerveiller par ses trésors enfouis et les fouilles archéologiques dévoilent, à chaque mission, de nouvelles surprises. C’est le cas actuellement avec celles du 415 à Saïfi (Beyrouth), site du futur siège de la banque SGBL.

L’archéologue Mountaha Saghié et son équipe de la Faculté d’archéologie de l’Université Libanaise, s’y activent depuis 6 mois. Les vestiges récoltés, appartiennent à différentes périodes historiques. Ils dénotent de la richesse du site, laissant supposer la présence d’un quartier de potiers (des fours et des bacs pour la préparation de l’argile ont été découverts ainsi qu’un nombre conséquent d’amphores).

La présence d’un grand bassin interpelle les archéologues qui émettent plusieurs hypothèses : soit que ce bassin ait appartenu à une structure de vinification, soit qu’il aurait fait partie d’une foulonnerie, où les tissus pouvaient être apprêtés, lavés ou nettoyés. Cette deuxième hypothèse se base sur les ouvertures que comporte le bassin, destinées au remplissage et par la suite à l’évacuation des eaux usées. (Cf. OLJ)

Plus de 900 pièces archéologiques ont été récoltées, diverses et variées et de différentes périodes (des jarres, des amulettes, des lampes à huile, des lacrymatoires, des pièces de monnaie, etc.). La richesse du site exige la poursuite des excavations en 2018 afin de pouvoir classer et répertorier l’ensemble des objets.

Chantiers de Tyr

Ce n’est pas un mais deux nouveaux chantiers archéologiques pour l’inspection du sol de la cité de Tyr.

Le site d’al-Madina, est fouillé par une mission franco-libanaise, sous la direction de Pierre-Louis Gatier et cela depuis 2008. Les résultats accumulés redéfinissent le pourtour général du site qui fut jadis inspecté et étudié par l’émir Maurice Chéhab.

La célèbre voie romaine à colonnades révèle, suite aux nouvelles fouilles, être une salle couverte, à trois nefs, datant de l’époque byzantine.  Revêtue de mosaïque et de dalles de marbre, elle ne pouvait accueillir des chars. Ne possédant ni trottoirs, ni dispositifs d’évacuation des eaux de pluie, l’équipe a déduit que cette voie fut plutôt une salle couverte (de 190 mètres de long) appartenant au vaste complexe des bains protobyzantins. Son emplacement suppose également qu’elle faisait la jonction entre la partie sud des bains proprement dits et les palestres où l’on pratiquait la lutte et la gymnastique. Au nord des bains, la mission a mis au jour une piscine en plein air, des latrines et une série d’aménagements. La salle assurait aussi les fonctions d’un frigidarium et d’un centre de sociabilité.

« Les archéologues ont retrouvé les soubassements du rempart phénicien, signalé autrefois par Maurice Chéhab. Au nord des bains toujours, les opérations de fouilles ont permis d’exhumer trois quartiers d’habitations romaines et byzantines, offrant deux plans de maisons différents. Dans l’un des secteurs, elles sont construites assez serrées les unes contre les autres, et donnent directement accès sur de petites rues. Alors que dans les autres secteurs, apparemment plus luxueux, elles sont dotées d’une cour d’entrée qui les sépare de la rue ». (cf. OLJ).

Certains endroits du site ont été abîmés par l’occupation successive des lieux : Byzantins, Arabes, Francs, etc. et les réutilisations des infrastructures.

Le deuxième chantier de Tyr est dirigé par Leila Badre (musée de l’AUB) avec son équipe d’archéologues, Éva Ishaq (université de Varsovie), Michel Maqdessi (musée du Louvre), Aimée Maha Bou Rizk (musée de l’AUB), ainsi que l’architecte Samir Rubeiz. Avec l’autorisation de Sarkis el-Khoury, Directeur général des antiquités, et les encouragements du Dr Ali Badaoui, directeur des fouilles de Tyr.

« Ce chantier a permis de dégager les fondations d’un sanctuaire hellénistique. Il s’agit de deux murs qui délimitent une surface rectangulaire avec une plate-forme carrée et d’un autel en pierre calcaire dure dont les parties supérieure et inférieure sont sculptées par des moulures horizontales ; il mesure 0,62 mètre de haut et 0,32×0,32 m de côté. Des traces épaisses de cendre ont été notées sur la plate-forme et l’autel. (…). Une vingtaine de pièces de monnaie, des lampes à huile, dont six intactes, ainsi que plusieurs objets en céramique parmi lesquels des assiettes, des jarres et des bols presque entiers, ont été également mis au jour ».

« L’autel, dans ses dimensions, ses pierres et ses techniques de construction, est analogue à celui du temple de Sarepta, l’actuelle localité de Sarafand (site qui avait fait l’objet de fouilles complètes par James B. Pritchard, en 1972). Il reste toutefois que le sanctuaire de Tyr, avec ses 15 mètres de long par 6 mètres de large, apparaît deux fois plus grand que celui de Sarepta, qui, lui, s’étend sur 6m40 par 2m60 ».

« Mais, la véritable étendue du sanctuaire de Tyr – qui n’a été dégagé que sur une parcelle d’environ 70 m2 – pourra encore apparaître à la faveur des fouilles qui se poursuivront l’été prochain. Leila Badre révèle également que les fondations d’un des murs du sanctuaire reposent sur les vestiges d’une construction, liée à une phase plus ancienne. « Ce qui nous conforte dans le fait que ce lieu de culte a été plusieurs fois reconstruit. La tradition de la préservation des lieux de culte sur plusieurs siècles se confirme ». Cinq églises superposées avaient été découvertes sous la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes à Beyrouth. D’ailleurs, cette parcelle sur le promontoire de Tyr avait suscité  l’intérêt parce qu’elle est située à quelques encablures des restes de deux églises byzantines, découvertes autrefois par l’émir Maurice Chéhab ». (Cf. May MakaremOLJ).

Nous saluons les travaux des équipes et donnons rendez-vous pour la suite des résultats de fouilles dont la majorité se poursuivra avec le retour des beaux jours.


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